Souvenir de Leonardo Sciascia

Conférence donnée à Milan le 23 mars 1993
dans la Salle Teresiana de la Biblioteca Nazionale Braidense [de Brera],
sous le titre Hommage à Leonardo Sciascia.


Lorsque j’ai rencontré pour la première fois Leonardo Sciascia, nous avons parlé de Qohélet ou l’Ecclésiaste, et en particulier de la version traduite et commentée par Guido Ceronetti. Nous avons discuté du questionnement que chacun de nous porte en lui et que l’édition du texte chez Einaudi avait placé sur la couverture.

Peut-être convient-il de le citer ici :

Che cosa un uomo ricava / Da tutto il suo penare
Che cosa ricava dal torturarsi il cuore
Che cosa è il suo sforzo sotto il sole2?

[« Quel profit retire un homme / De tout le mal qu’il se donne / Quel profit retire-t-il du tourment qu’il inflige à son cœur / Qu’est donc son effort sous le soleil ? »]

Ce questionnement, je l’ai bien en mémoire et il pourrait éga- lement permettre d’expliquer la raison pour laquelle je suis là aujourd’hui, invité à évoquer le souvenir de Leonardo Sciascia. Peut-être peut-on discerner cette raison dans d’autres vers de Qohélet :

Ecco un uomo fatica con sapienza / E con virtuosa intelligenza
E quel che è suo darà / A uno che non c’entra.

[« Car voici, un homme besogne avec sagesse / Et une vertueuse intelligence / Et ce qui lui appartient il le donnera / À quelqu’un qui n’y a aucune part. »]