PROSES DE LA MORT PROCHAINE (I)

 

Tout va bien, merci.

(« Normalement mal » serait plus juste, plus vrai, en regard de la marche du monde et de la nature irrémédia-blement provisoire, fragile, de ce « bien » posé là, presque lancé, pour les besoins de la cause — et pour ceux de la galerie.)

Dissiper les inquiétudes des proches (quand elles existent, et quand ils existent) sinon se bercer soi-même d’illusions.

Dissiper la curiosité des autres.

Ainsi donc : oui, merci.Écrirais-je de la mort, sinon ?Mes dernières énergies ne seraient-elle pas mobilisées

par la souffrance ? par les angoisses ?

En méditer tant bien que mal ; en écrire, pendant qu’il est temps.

M’occuper d’elle, avant qu’elle ne s’occupe trop de moi.

En passer par là, pour en mieux revenir.