Caroline Muheim, Les formes du vent. Aquarelles

JE PEINS ce que je vois. Les planches d’aquarelle sont composées en déposant directement sur le papier ce que je collecte au cours de mes marches dans les paysages. J’en fais alors un tour rapide au crayon pour en garder la place et pouvoir commencer le travail. Les éléments-peintures sont soigneusement rangés pour pouvoir être examinés, ils sont toujours représentés en taille réelle. 

La peinture est conçue comme un partage du temps et de l’attention. Il s’agit de prendre soin de soi et de l’autre, de prendre du temps et de le restituer à travers la peinture. 

La répétition d’une même forme, d’un même geste est importante. Il faut répéter pour comprendre, pour apprivoiser. Jusqu’à l’absorption. Tout comme est importante l’ordonnance des formes dans l’espace de la feuille, et l’ordonnance de la feuille dans l’espace qui la reçoit. 

Le travail artistique, qu’il soit de peinture, d’installation, de photographie ou d’écriture, est toujours conçu comme un temps long d’observation silencieuse, intimement lié à l’expérience du vivant et à la clairvoyance — y voir clair. Il est abordé comme une épreuve, qui engage une dimension résolument physique, questionnant le geste — même s’il paraît minime, dans son rapport à l’espace et à la durée. Le travail précise l’attention. L’observation immobile devient progressivement une attention à la mobilité du monde. Trouver sa place et retenir son souffle pour saisir le mouvement et accepter l’écart. 

Caroline Muheim.

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Les originaux des œuvres reproduites sont des aquarelles sur papier coton ; leurs dimensions vont de 150 x 135 mm pour les plus petites à 210 x 150 mm pour les plus grandes.

Caroline Muheim, Aquarelles