Ceux qui l’ont rencontrée (Léon Chestov, Benjamin Fondane, Jean Wahl, Gabriel Marcel, Gaston Fessard, Jean-Paul Sartre…) l’ont considérée comme une femme d’une intelligence extraordinaire et d’une pénétration exceptionnelle ; pourtant, Rachel Bespaloff (1895-1949) est une philosophe encore presque inconnue. La rareté des textes qu’elle a publiés de son vivant, son existence trop précocement interrompue, la difficulté qu’il y a à la ranger dans une école particulière de pensée, n’ont pas contribué à sa notoriété. Ce n’est que récemment, et de façon confidentielle, qu’on a assisté à la redécouverte discrète — ou plutôt à la découverte pure et simple — d’une personnalité qui compte au nombre des plus représentatives de la culture européenne de l’entre-deux guerres.
Ce livre propose la première vision d’ensemble d’une grande protagoniste du débat philosophique au xxe siècle.
Laura Sanò enseigne l’Histoire de la philosophie contemporaine à l’Université de Padoue. Elle est l’auteur de nombreux articles et d’ouvrages monographiques sur la pensée philosophique du xxe siècle. Une pensée en exil. La philosophie de Rachel Bespaloff est son premier livre traduit en français.
Il y a longtemps que l’éditeur s’est attaché à publier Rachel Bespaloff. Ce fut d’abord dans la revue Conférence, régulièrement, de 1998 à 2005. Puis, quand les Éditions éponymes furent fondées, la Lettre à Daniel Halévy sur Heidegger fut l’un des premiers titres qu’il fit paraître. L’éditeur avait aussi fourni aux Éditions Allia le fichier de De l’Iliade, après qu’il l’eut publié quatre ans plus tôt dans Conférence. Du temps passa, les textes de Bespaloff finirent en d’autres mains, qui se crispaient plus volontiers qu’elles ne s’ouvraient. Un courrier inattendu de Laura Sanò fit renouer avec un attachement aussi ancien que constant. Le livre qu’elle avait consacré à Bespaloff datait de 2007, elle souhaitait lui voir connaître une version française, et se proposait de le remanier pour ce nouveau public. Ce qui fut fait — à l’exception de la préface du regretté Remo Bodei (1938-2019), ce que commandaient non seulement la fidélité à un homme et un penseur remarquable, mais, aussi bien, un autre souvenir, éditorial lui aussi, et marqué du même sceau : la revue Conférence avait traduit, en 1997, un chapitre de son Ordo amoris, quand nous étions encore fort peu à connaître l’œuvre du philosophe récemment disparu.
Collection Teamim
dirigée par Dan Arbib
Traduit de l’italien par Christophe Carraud
Préface de Remo Bodei