MINORITY REPORT

 

DANS son célèbre récit Minority Report, Philip Dick met en scène une métaphore grandiose et particulièrement complexe du rapport entre liberté et pouvoir, faute et libre-arbitre, crime et châtiment, erreur et vérité. Les itinéraires interprétatifs ouverts par ce texte magnifique sont infiniment stimulants et variés ; mais à titre d’introduction à notre rencontre[1], je m’en tiendrai au rôle essentiel que joue le « rapport de minorité » dans le salut de l’individu et de la communauté.

Renversant génialement le lieu commun qui veut que ce salut soit lié à la certitude du jugement, Dick suggère qu’en réalité, la reconnaissance publique et efficace de la faillibilité du jugement est la condition nécessaire au salut de l’espace de liberté privée et publique auquel elle est inhérente.