LYRISME ET DISSONANCE (II)

 

LE PLUS DIFFICILE, ce sera toujours d’atteindre à la simplicité (Mozart, Schubert, Nerval…).

Les contorsions et les acrobaties ne sont que tristes cache-misère.

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La plus haute simplicité est déconcertante, désar-mante.

Elle nous dépouille de toute arme, à commencer par celles de l’analyse.

Nous voici en présence de la beauté — d’une beauté qui s’offre à nous, nous rend à nous-mêmes, en même temps qu’elle nous dépasse.

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Donner un cours académique sur la poésie devant un public académique, c’est parler d’oxygène dans un local mal aéré.

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Mozart, Les Noces de Figaro.

Le personnage de Chérubin (que Beaumarchais n’avait pas imaginé) : peut-être une des « inventions » les plus bouleversantes de ce chef-d’œuvre.

Chérubin : l’enfance amoureuse qui se heurte à la non-enfance du monde. Farfallone amoroso, oui, papillon à peine sorti de sa chrysalide, fragile et blessé déjà, égaré au seuil de réalités et de violences dont il ignorait tout jusque-là.

L’amour sera semé d’obstacles, on le lui fait com-prendre sans ménagements ni délais ; non sans cynisme.

Dissonances. Adieu lyrisme.

Au son des tambours, Chérubin devra apprendre l’art de marcher droit, et l’art de la guerre.

Chérubin : ce moment précis où l’innocence cesse d’être intacte. Où le chant vient se briser contre toutes les forces qui lui sont contraires.

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