ENTRE ORDRE ET DÉSORDRE.

 

Pays en paix depuis plus de trente-cinq ans, la France n’en reste pas moins terre de conflits. Plus que partout ailleurs en effet, les conflits sociaux tiennent une place de choix dans la vie publique. Cette spécificité est d’ailleurs plus qualitative que quantitative, le nombre de jours de grève par emploi salarié n’y étant pas notablement plus élevé que dans les autres pays européens. Mais s’il existe une spécificité dans les conflits sociaux « à la française », quelle est-elle et où se situe-t-elle ?

D’abord dans le langage : il est passablement guerrier. On y parle constamment de lutte, de combat, d’antagonisme. Le modèle sous-jacent à tous ces conflits est avant tout celui de la résistance d’un groupe à une autorité, à un pouvoir. Pas à n’importe quel pouvoir cependant : pour être digne d’être combattu, il doit être concentré en quelques mains, centralisé, monarchique par essence, et surtout perçu comme un ensemble de forces « négatives », de contraintes, d’oppressions qu’il convient de contrecarrer par d’autres forces, construites celles-là par la vertu de l’association et du collectif.

 

 

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