CECI est la chronique de mon deuxième séjour à Kaboul
(le premier en 2001-20021). Séjours à titre professionnel,
mais en voici le côté intime. Je livre mon journal presque
à l’état brut, corrigeant çà et là quelque erreur, coupant surtout
les passages relatifs à l’embuscade du 18 août 2008 en
vallée d’Uzbeen, qui touchent des événements par trop proches
et douloureux. Pour éclairer le lecteur : je me rends de Paris à
Kaboul en passant par Toulouse et Douchanbé (Tadjikistan).
Envoyé pour six mois comme conseiller juridique du commandement
(Legal Adviser ou LEGAD), je resterai finalement huit
mois et demi, coupés d’un retour à Noël.
L’orthographe des noms locaux est phonétique, tantôt en
version anglaise, tantôt en version française, souvent simplement
personnelle. Je ne connais pas le dari. Kraps est mon
épouse, généralement désignée par « K. », Constance, ma fille
(ou « Tantan »), et J.-E. (dit « Doudou »), mon fils. Je me lie
d’amitié pendant le voyage avec Haqmal, un officier afghan
en stage au collège interarmées de défense (CID, l’ancienne
« École de guerre » française). Je séjourne généralement au
camp de Warehouse, à sept kilomètres à l’est de Kaboul.
Quelques passages dans le district de Surobi, province de
Kaboul et en Kapisa, la province voisine, très « volatile »
comme disent les Anglo-saxons. Durant la mission, j’essaie de
rédiger un article pour une revue sérieuse… celle de défense
nationale et de sécurité (RDN) !
*
25/07/08 — Paris, aéroport Charles de Gaulle, 16h.
Première étape vers Kaboul : franchis les contrôles,
toujours plus tatillons, ceinturons et portefeuilles dans
les boîtes, dentifrice dans les sacs plastique, voici l’armée
de l’Air : avion tout neuf, disputes bruyantes dans le poste
d’équipage. Le commandant de bord vient nous annoncer
que l’on ne décollera pas avant minuit demain —
nous sommes partis pour rien, avec vingt-quatre heures
d’avance… c’est l’armée. C’est normal.