Traduit du néerlandais par Pierre Gallissaires & Jan H. Mysjkin.
La tour.
La première chose ici que l’œil voit après l’arrivée
c’est le rocher avec la tour corse ronde, proscrite
sur cette froide île irlandaise : bastion imprenable
contre un ennemi qui n’est jamais venu, bâti
par un ennemi qui n’est pas resté, rond
comme une horloge, comme l’horizon de la baie.
Tu viens de la mer, étranger cherchant un chez-soi.
Il n’y a que les mouettes que tu connaisses d’un autre pays.
Aujourd’hui, tu as de la chance : tu arrives assez tôt
pour voir comment quelqu’un, à peine levé,
dans la pièce ronde de la tour salue le petit
déjeuner, prive la mer de son bain matinal
et peint sa propre image dans l’eau trouble
du rasage. Il est étrange alors de voir au début
de ton voyage déjà partir le ferry-boat
par la meurtrière, avec à son bord l’homme qui inventa
tout cela et te laisse maintenant son monocle
et ses vêtements de dandy pour ta randonnée.