FAIRE LE PORTRAIT DE GIACOMETTI

 

 

Traduit de l’italien par Christophe Carraud.

 

(1966.)

Présentation.

Non amo l’atto dell’uomo a mezza strada /

ignaro della morte e smemorato della speranza.

 

Felice Filippini, Autoritratto di una pittura,

Centro Internazionale di Studi.

per le Arti Figurative, 1977, p. 169.



CHERCHANT UN JOUR, dans le bulletin bibliographique de l’Archivio Prezzolini de Lugano, Cartevive, quelques éléments de correspondance de Carlo Bo, auquel je m’intéressais, je vis que le même fonds conservait des lettres de Maurice Chappaz à Felice Filippini. Des lettres de Chappaz : voilà qui m’était proche. De Filippini, j’ignorais tout. À vrai dire, j’ignorais tout aussi des relations que Chappaz avait entretenues avec des écrivains tessinois. Nous n’avions jamais eu l’occasion d’en parler. Je me laissai distraire un instant par cette part inconnue. Puis elle occupa la place ancillaire qu’on laisse aux chemins qu’on n’a pas pris ; elle les baignait d’une autre lumière possible, qui suffisait : antidote bien connu et tout imaginaire au passage du temps et à la nécessité des engagements, dans le travail comme ailleurs. La polyphonie est le mythe intérieur qui ne vieillit pas. Les résonances sont bien assez vastes.