Traduit de l’italien par Ruth Gentili et Christophe Carraud.
Lettre à Marc’Antonio Piccolomini.
(1541.)
À Monsieur Marc’Antonio Piccolomini, à Macerata1.
VOUS AVEZ TOUCHÉ un point sensible, en me rappelant la misère de l’écriture. Car, hélas, j’ai tiré cette charrette — pour ainsi dire — depuis que j’ai commencé à fréquenter ce traître d’abécédaire. Tandis que vous ne connaissez ce malheur qu’en passant et par accident, j’y fus pour ma part — et j’y serai, je le crains — condamné à perpétuité. Vous,vous pouvez vous venger du supplice qu’elle vous fait subir avec ces reproches dont vous accablez le Beau Parleur2, et espérer vous en libérer avec son retour. Mais moi (puisqu’on ne peut faire que cette peste n’existe) je n’ai ici aucun remède, ni d’autre moyen d’épancher ma colère que de maudire Cadmos ou quelque autre fou pour avoir renoué avec cette malédiction.