LA QUESTION DU GENRE EST DEVENUE UN PROBLÈME MAJEUR, surtout depuis qu’un certain nombre de théoriciens, Judith Butler en particulier, en ont fait leur cheval de bataille [1] L’opinion publique s’en est émue lorsqu’en 2010 il a été décidé d’enseigner le genre au lycée, décision qui a soulevé les opinions les plus contradictoires parmi les enseignants et les responsables politiques. Aujourd’hui, on demande à certaines crèches et maternelles de faire en sorte qu’il n’y ait plus de jeux ou tenues spécialement destinées aux filles ou aux garçons. De quoi s’agit-il exactement ? Quoi qu’il en paraisse, la question ne date pas d’aujourd’hui, puisque c’est en 1978 qu’un psychanalyste américain, Stoller, a introduit la notion de genre dans la recherche en psychopathologie. Il utilisait cette notion pour expliquer la démarche des transsexuels lorsqu’ils demandent à la chirurgie un changement de sexe, estimant qu’ils ne se reconnaissent pas dans leur sexe biologique et qu’ils appartiennent au genre opposé à celui que leur a assigné la nature. L’opposition genre féminin/genre masculin venait ainsi se substituer chez eux à l’opposition sexe féminin/sexe masculin.
[1] J. Butler, avec la Queer theory, considère le genre comme un type de sexualité, défini par les plaisirs qu’il procure et déconnecté de la dualité des sexes — le genre lesbien par exemple. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages publiés aux États-Unis. Parmi ceux qui ont été traduits en France : Troubles dans le genre, La Découverte, 1995.