Médecine, lorsqu’il a assisté quelque
temps aux débats des hommes de loi, en
oublie souvent sa mission propre. Il
referme alors ses ailes avec un cliquetis,
et l’on dirait, dans la salle du tribunal,
l’ange de réserve de la Jurisprudence.
Robert Musil, L’Homme sans qualités.
LA SOCIÉTÉ CHANGE. Et la médecine change avec elle. Une de ces mutations, et non des moindres, est l’entrée de la médecine dans la sphère juridique, ce qu’on appelle la juridicisation. Précisons tout d’abord le sens du vocabulaire. « Juridique » est un terme global qui recouvre des réalités et des rapports sociaux divers, que l’on peut décrire selon trois grands concepts : la juridicisation, la judiciarisation et la pénalisation.
La juridicisation signifie que les rapports humains sont plus souvent réglés par le droit que par d’autres types de relations tels que la lutte, la courtoisie, les moeurs, la coutume… Une société se juridicise quand le droit devient la règle d’or des relations entre les êtres humains. Ce peut être un progrès.