CARNET DE NOTES : ORNEMENTATION

Présentation.

Le texte intitulé « Ornementation », rédigé par Antoni Gaudí du 10 août au 22 septembre 1878, est le plus long texte théorique que l’on ait conservé de l’architecte catalan. Son but, formulé dès les premières lignes, est « de mener une étude sérieuse sur l’ornementation » qui rende celle-ci « intéressante et intelligible ».

Or, cette intention « pédagogique » semble battue en brèche par la lettre même du texte que l’on découvre. L’accès à l’intérêt du thème tel qu’il y est traité est en effet d’une difficulté certaine : que cela résulte de l’absence de polissage de l’ensemble ou même de l’absence de relecture de certains passages, particulièrement obscurs, d’un texte qui, du vivant de son auteur, sera resté enfoui dans un « Carnet de notes » au contenu disparate, la lecture est malaisée. Maladresses, redondances et pléo-nasmes, ellipses et tournures propres à la langue orale, mais aussi et sur-tout phrases interminables à la syntaxe erratique, voire incohérente, tout cela semble témoigner de la négligence stylistique d’une écriture au fil des idées dont il est difficile de savoir si elle continue de s’ordonner au but de communication annoncé au départ, ou bien si elle y renonce pour constituer un ensemble de principes à usage personnel. À cette difficulté d’écriture s’ajoute pour le traducteur et le lecteur profanes un obstacle lié à leur propre ignorance, au regard de laquelle le savoir du jeune architecte apparaît comme un excès obstruant leur accès au texte : nul doute que Gaudí, tout juste diplômé de l’École d’Architecture de Barce-lone, ait présents à l’esprit la structure de l’ensemble et des membres, l’agencement, la dynamique des lignes et les motifs de l’ornementation des monuments grecs, romains, gothiques, contemporains, français ou catalans qu’il prend ici comme références architecturales. Gaudí pro-cède comme si la représentation mentale de ces aspects visuels s’imposait à leur seule évocation, sans doute parce que c’est son propre cas. Bref, les lacunes de l’écriture et la surestimation de la culture et de la mémoire visuelle de ses lecteurs potentiels se conjuguent et nuisent à l’ambition de « rendre intelligible » le thème de cette étude.

 

Télécharger l'intégralité de ce texte en pdf