- Les livres
- La revue
- Les Éditions
«Un bon journaliste est un journaliste mort.» L’homme qui professe cette sentence implacable ne sait pas que deux journalistes sont assis à la même table. La remarque est tombée au fil d’une conversation anodine sur une crise survenue dans un pays africain dont les médias n’auraient pas rendu compte correctement. Ils en auraient trop parlé au moment des troubles et pas assez lorsque le calme est revenu. Ils portent donc la responsabilité de la fuite des touristes ! La cause est entendue et la charge violente, sans détour, glaçante. Pour ne pas gêner leur interlocuteur, les deux « mis en examen » s’abstiennent de préciser qu’ils appartiennent à cette corporation dont il souhaite le trépas.
Cette condamnation sous-tend deux idées. Le journaliste ne sert à rien et il est nuisible. Il ne sert à rien car l’information est disponible partout, en temps réel. Un simple Smartphone remplit bien mieux que lui et gratuitement sa fonction première de porteur de nouvelles. Pour être tout à fait juste, il faudrait préciser que les Smartphones sont alimentés gratuitement par des groupes de presse qui paient encore des journalistes. Car l’information est un bien qui coûte cher à produire.
Le journaliste est nuisible car il n’apporte pas les nouvelles pertinentes.