I.
Tant d’années pour que s’apaise la guerre et que naisse la clarté sur les charniers intimes… Il aura fallu durer dans la poussière du temps sans savoir souvent si l’on n’était pas stupide de vouer sa vie ; vouer sa vie quand le temps balayant écrit sur la poussière « Vaine la fondation, stérile l’espérance, absurde d’être fidèle ».
Certes lutte aussi contre l’invasion de la laideur, l’inatten-tion instituée, la minable civilisation-du-hangar-et-du-caddie, tous ces impératifs du plaisir de pacotille qui font du monde un paon minable, une vieille putain mal ravalée obligeant à la jouissance. Et c’est donc lutte au-dedans et puis au monde. Deux espaces, un seul combat.
Années oscillant dans le doute,paupières levées dans la nuit, in manus tuas,alors que tangue le regret des couches inconnues,de la jouvence en loques, de la bouteille pas finie,de ces liftings de l’âme dont on sait bien— extases sans exercice —qu’ils sont un paon pitoyable et boursouflé
— mais quoi, bonnes gens, frères humains,quand tourne le manège, que brillent les éclats du miroir,qui ne réclame : « Encore un tour ! »Et si la musique se déglingueplus c’est crampon, personne qui descende !
Donc sac du désir / ressac du renoncement ne rien céder / un pas tenable.