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EN SOUHAITANT LA BIENVENUE, au nom de la Faculté de Droit de Florence, aux collègues processualistes rassemblés ici de toutes les régions du monde, je ne peux pas ne pas relever, au-delà de sa signification scientifique, la signification spirituelle, et même, dirai-je, sentimentale et pathétique de ce Congrès, où nous nous retrouvons et nous comptons au nombre des survivants d’un immense naufrage : nous nous y sentons beaucoup plus fraternellement unis qu’auparavant, si diverses soient les patries territoriales d’où nous venons, en une seule patrie de l’esprit, faite des douleurs communes que nous avons traversées et des projets communs que nous formons pour l’avenir.
Depuis l’époque où se tenaient des congrès — comme celui d’aujourd’hui renouant avec l’ancienne coutume — de libres spécialistes œuvrant volontairement au service de la vérité, et non de pauvres fonctionnaires en uniforme, enrégimentés pour servir une tyrannie (je me rappelle encore le dernier de ces congrès libres, celui de Vienne en 1928, et j’ai ici la joie de revoir aujourd’hui quelques-uns des amis connus à cette occasion), est passée sur le monde une période ténébreuse dont nous voudrions ne plus nous rappeler les événements ; comme dans ces contrées inexplorées, pleines de mystérieuses terreurs, sur lesquelles les anciens géographes écrivaient « hic sunt leones », nous voudrions nous contenter d’écrire sur ces vingt années de l’histoire du monde qui se tiennent derrière nous une seule devise : « Hic sunt ruinae », et reprendre la route sans nous retourner.