Haï-ku par-dessus tête

 

ULRIKE_KASPER_001

 

ange assoupi des immunités
d’eden d’eden la
verge avide de néant

 

ULRIKE_KASPER_002

 

l’aber qui craque du sel
où fouge l’essaim
suinte d’un miel d’oubli

 

ULRIKE_KASPER_005

 

pacage


naseaux, mufles embués d’aube au
soleil encorné :
lors mieux mugi mon haï ku

 

ULRIKE_KASPER_003

 

ormeau


vent debout tu rebrousses
chemin — tout troussé
d’étincelles hérissons

 

ULRIKE_KASPER_004

 

falaise


l’âcre jusant se retrousse
foudre éperdue
de son gai désastre étreint

 

ULRIKE_KASPER_001

 

l’ongle d’ambre de mon chat
clive de rouge
toute lente peluche

 

 

cailles


outre soi aspirées delà
par tire d’ailes
brefs brasiers brûlant rien

 

 

mufliers


salut ferveur gueulée mauve
de nos loups traqués
par le nom de leur juste fleur

 

ULRIKE_KASPER_007

 

le bouleau


strident écorché je dis
lisse hérissé
ton tronc de craie étêtée

 

 

pigeons


hors le quignon qui gerce
à mort picoré
va son sang au ru à sec

 

 

guérite


quel hibou monocle coche
d’insomnie la nuit
blanche mais griffée de neige

 

 

laudes


se grise mon coq en verve
ténèbre ajournée
bref prophète couronné

 

 

fontaine


le dieu qui me vomit
suffoque inscient si
n’étant pas il est ou pas

 

ULRIKE_KASPER_008

 

dédiant


à l’aile battue d’azur
à l’écume d’estuaire
râle heureux du presque rien

 

ULRIKE_KASPER_009

 

récifs


fosses de houle ferlée
crique où trépigne
le choeur des porcs chus sous christ

 

ULRIKE_KASPER_010

 

j’appelle corps la suée
d’élixir transfuge
des cloaques innocents

 

 

legna torsa dell’umanità

 

Pour Christophe & Camille
après la bûchée, septembre 2008

 

l’âtre la vigne et toi chêne
en la même main :
bon bois chantant par bon vent

 

Jean-Luc Evard

 

  • mai 2009
    • LA CORRESPONDANCE IMPARFAITE Ian Jackson

        Traduit de l’anglais par Christophe Carraud.   IL y a quelque temps, nous recevions de Ian Jackson, libraire anti-quaire à Berkeley, un signe très heureux, sous la forme de trois volumes de grand goût, où se trouvaient reliées des feuilles de papier à lettres portant son en-tête : sur ces feuilles, au bas de chaque page, une citation, souvent annotée et commentée au verso. Manière d’anthologie personnelle, en somme, d’auteurs les plus divers réunis par un souci particulier de leur lecteur : rassembler sur son propre papier à lettres toutes les excuses qu’ils ont pu alléguer aux manquements ou aux...

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    • RAVEL ET MALLARMÉ : POÉSIE ET MUSIQUE Michael Edwards

         1. QUE peut-on apprendre sur la poésie et sur la musique en écoutant trois poèmes de Mallarmé : « Soupir », « Placet futile » et « Surgi de la croupe et du bond », et les Trois poèmes de Stéphane Mallarméde Ravel ? Nous savons qu’il impor-tait à Mallarmé de décider ce qu’est la poésie, quel rôle elle joue dans l’économie de l’être, ou du Néant, et qu’il cherchait sans cesse les moyens linguistiques et prosodiques de développer et de changer son possible. Ravel travaillait constamment les procédés de son art, en s’efforçant de trouver toujours du nouveau ; il criti-qua Massenet, par...

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    • Haï-ku par-dessus tête Ulrike Kasper

      JEAN-LUC EVARD - ULRIKE KASPER     ange assoupi des immunitésd’eden d’eden laverge avide de néant     l’aber qui craque du seloù fouge l’essaimsuinte d’un miel d’oubli     pacage naseaux, mufles embués d’aube ausoleil encorné :lors mieux mugi mon haï ku     ormeau vent debout tu rebrousseschemin — tout trousséd’étincelles hérissons     falaise l’âcre jusant se retroussefoudre éperduede son gai désastre étreint     l’ongle d’ambre de mon chatclive de rougetoute lente peluche     cailles outre soi aspirées delàpar tire d’ailesbrefs brasiers brûlant rien     mufliers salut ferveur gueulée mauvede nos loups traquéspar le nom de leur...

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    • KEATS, OU L’ART DE VIVRE AU PRÉSENT Thibaud Zuppinger

        DANS les Odes de Keats, la lenteur est magnifiée, elle incarne le mouvement par excellence. Elle est le moyen d’accès à la dimension proprement poétique du monde. Rien, pas même la richesse signifiante dont elle se charge sans cesse, ne sau-rait la figer. Mais l’expérience qu’elle appelle invite non pas à se pro-jeter dans l’attente du futur, ni à évoluer dans un instant sans épais-seur psychique, ballotté de sollicitations en sollicitations, mais à vivre authentiquement dans l’épaisseur du présent avec tout ce cela peut comporter de danger, de perdition — et de richesses inouïes. Deux conditions sont...

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    • LETTRE DE LA POSTÉRITÉ À PÉTRARQUE Nicholas Mann

        Seuls les fantômes luttent avec les morts. (Pétrarque, qui cite Pline, qui cite Plancus.)   TU ne seras pas étonné d’avoir eu raison de dire, dans ta lettre à la postérité (tu l’avais rédigée dans les années 1350, puis reprise à la fin de ta vie) : « Vous aurez peut-être entendu parler de moi, quoiqu’il soit douteux qu’un nom aussi mince et obscur traverse le temps et l’espace. Et vous voudriez sans doute savoir quel homme je fus, et quel a été le sort de mes ouvrages, de ceux surtout dont vous aurez entendu parler, ou dont le nom, du moins, vous sera parvenu. » Mais cette feinte modestie ne...

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    • LA NYMPHE ET LE MÉROU Pierre-Alain Tâche

        (Journal d’un atelier d’écriture.)   11 mai 2007. Vous arrivez ; mais, quand vous arrivez, le village est à peine plus que le nom qu’il portait sur la carte, l’instant d’avant. Il pro-pose un décor qui n’a pas d’épaisseur. Vous l’épiez et il le vous rend bien, causant l’inconfort (ou même le léger désarroi) que produit le sentiment d’être observé — mais on ne sait par qui. Vous vous souviendrez bientôt d’autres commencements de même farine ; et qu’il fallut qu’il en soit ainsi pour que le déchif-frement soit possible et que le verbe advienne. Mais, ce jour-là, la route tourne encore dans la tête et...

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    • TOMBEAU DE ROBERT LE PETIT Pierre-Alain Tâche

        IL faut, à Brumath, en Alsace, aller dans la cour de l’Hôtel de Paris — qui vaut bien le vin d’une messe.   Ô vous n’y verrez rien, de prime abord, qui justifie le détour, sinon les suaves bonbons d’une pâle glycine ornant, l’espace mauve d’un avril, l’unique pied de vigne en espalier, dont les grappes seront, à la vendange, hors de portée et comme au firmament, où rit, sous un soleil d’après déluge, un patriarche aux traits convenus d’étiquette — et ce n’est, pour l’instant, qu’un haut dais de bois sec, où bourgeonnent des pleurs à venirdans l’air acide du petit matin.   Mais cessons là, car,...

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    • GRILLE D’OMBRES Florian Rodari

        PÉNÉTRER dans un paysage, avancer en déplaçant autour de soi – à chaque pas, sous la course des nuages – les arbres, les lisières, épouser courbes et vallons en se frayant des pas-sages, rebrousser chemin : à tout moment, de nouvelles équations se forment sous nos yeux, des croisées s’offrent où choisir équivaut à renverser la proposition, à accroître, à l’infini, les points de vue, les possibles. Nous nous croyons stables, faits d’une seule pièce, dirigés par une seule idée. C’est tout l’inverse. Le divers nous constitue, nous nous éparpillons. Nous pensons conduire la marche, mais, en...

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    • VILLES ET PAYSAGES Nicolas Poignon

                                 

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    • LYRISME ET DISSONANCE (II) François Debluë

        LE PLUS DIFFICILE, ce sera toujours d’atteindre à la simplicité (Mozart, Schubert, Nerval…). Les contorsions et les acrobaties ne sont que tristes cache-misère. * La plus haute simplicité est déconcertante, désar-mante. Elle nous dépouille de toute arme, à commencer par celles de l’analyse. Nous voici en présence de la beauté — d’une beauté qui s’offre à nous, nous rend à nous-mêmes, en même temps qu’elle nous dépasse. * Donner un cours académique sur la poésie devant un public académique, c’est parler d’oxygène dans un local mal aéré. * Mozart, Les Noces de Figaro. Le personnage de...

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