23 août.
Je fume, fume les questions océaniennes du peintre…
On a tenté encore de cueillir des framboises le long du bisse et passé plusieurs heures dans des fuites de ravins. Le soleil a glissé. Nous sommes devenus des fumées, on s’enfonce dans une ombre aux lointaines étoiles. La montagne a subsisté longtemps en cendres roses comme un port au couchant. L’embellie a été précédée par cette danse grise, aiguë des martinets. Ils tissent nos pensées — il n’y a rien ! — de même les casse-noix, peu après l’aube qui s’éloignent au-dessus de nous avec leurs petits cris rauques où fuse le charabia du néant, en graines d’épicéa.
« Être aimé », j’écoute encore notre cri, celui de Corinna au vrai moment de mourir, quand la mort, qui nous avait quelquefois souri, fut palpable. Mais « aimer » a été le cri du Christ, jusque sur la croix, ce cri qui a déteint sur nous. L’espoir est le désespoir !
Je fume, ma pipe réfléchit, s’éteint, se rallume aux pommettes du vent.
Si ironique, si joyeux, si aveugle ce qu’inventent les oiseaux !