LA DÉMOCRATIE N’EST PAS AUTOSUFFISANTE. Le cas italien, et d’autres avec lui

Entretien avec Pietro Scoppola. (Trad.Christophe Carraud.)
 
PIETRO SCOPPOLA – GIUSEPPE TOGNON

GIUSEPPE TOGNON.— À propos de démocratie, on peut se demander si la démocratie italienne ne porte pas en soi cette limite de n’être pas née d’une expérience révolutionnaire authentique, comme ce fut le cas d’abord en Angleterre, puis en France, et d’être restée ce que j’appellerais une « démocratie tiède ». La question me semble importante à la lumière de l’aide décisive que les catholiques ont apportée à son établissement dans notre pays.

Pietro Scoppola. — Je ne crois pas que la démocratie naisse nécessairement de la révolution ou plutôt de la guerre. L’expérience révolutionnaire peut être nécessaire pour briser la gangue de l’absolutisme et de l’oppression ; mais la démocratie se développe en dépassant les expériences révolutionnaires, comme le montrent la révolution anglaise, et, plus encore, la française. C’est pourquoi je crois que la matrice chrétienne a été essentielle pour la démocratie européenne et à plus forte raison pour la démocratie italienne.