(Première partie.)
IX.
La belle Alcine, au-devant de Roger, Se présenta hors des premières portes, Et l’accueillit avec un air de reine, Au milieu d’une digne et belle cour. Et tous les assistants, au preux guerrier, Firent tant beaux saluts et révérences Qu’ils n’en eussent pu faire plus à Dieu S’il était descendu du haut des cieux.
X.
Le beau palais était moins admirable Par sa richesse, au-dessus de tout autre, Que par ses habitants, les plus aimables Qu’il fût au monde et bien les plus courtois. Ces gens différaient peu les uns des autres Par leur âge fleuri et leur beauté ; Seule, au-dessus de tous, Alcine est belle, Comme Soleil passe toutes les stelles.
XI.
Elle, de corps, était aussi bien faite Que peintres assidus peuvent le feindre : Il n’est point or qui ait un pareil lustre Aux blonds flocons de sa longue crinière ; Une teinte mêlée de rose et de ligustre Se répandait sur ses joues délicates ; D’ivoire pur était son front radieux Qui terminait cet ovale gracieux.