DE L’INAUTHENTICITÉ DU LIVRE E DE LA MÉTAPHYSIQUE D’ARISTOTE.
LES vicissitudes des textes n’ont pas fini de nous surprendre. Déjà, à en croire Pétrarque, un témoin majeur des retrouvailles avec l’Antiquité à la pré-Renaissance, Aristote avait à souffrir de l’ignorance ou de l’envie de ses « traducteurs » : Interpretum ruditate vel invidia ad nos durus scaberque pervenit. Le témoignage a d’autant plus de valeur qu’il provient d’un homme qui goûte peu Aristote, et moins encore cet Aristote défiguré. Sans doute le régal de pensée qu’offre l’auteur de la Métaphysique reste-t-il toujours un peu rêche ; encore faut-il ne pas se tromper d’aliment. Avec l’étude qui suit, il ne s’agit de rien de moins que de la disqualification d’un livre entier de la Métaphysique, pourtant incontesté depuis deux mille ans. Découverte exceptionnelle, pour ne pas dire unique, en histoire de la philosophie : le livre F de la Métaphysique, auquel des siècles d’interprétation ont attribué une fonction architectonique, fondée sur l’identité de la philosophie première et de la théologie, est inauthentique. Authentiques en revanche sont L 7 et 8, magnifique premier et unique programme ontologique d’Aristote, dont la réhabilitation philologique attend désormais sa réhabilitation philosophique. Qui est le faussaire ? Andronicos de Rhodes, au 1er siècle avant J.-C. Quel est son but ? Souder les ensembles A-Eet G-M pour faire un livre artificiellement unifié, « la » Métaphysique, et occulter ce qu’il ne parvenait pas à comprendre, la doctrine de l’être-vrai du livre J.
Télecharger l'intégralité de ce texte en PDF