GIOVINEZZA.
Traduit de l’italien
par Christophe Carraud.
T. B.-V.
Leggevi, ricordi,
un libro.
Mondi si aprivano davanti a te,
dispiegati ai tuoi piedi
come sontuosi broccati
del guardaroba di un Doge,
quando si veste per la cerimonia del Bucintoroe
va a nozze con il mare.
Come tappeti su cui accedere al trono
che scintilla nel cuore della reggia,
in fondo a una fuga infinita di sale.
Come cieli in attesa, la notte,
della visita d’amore del sapiente
che baratta la terra per le stelle
e consuma il tempo che gli è dato
a contemplare gli abissi
spalancati in alto — sopra la mente.
Eri tutto.Tutto potevi.
Il limite non ti aveva
spezzato le braccia,
non si erano alzate pareti a fermare la corsa.
Il silenzio dell’impotenza non era disceso su di te.
Varcavi distanze smisurate
con ali d’aquila invincibili.
Rappelle-toi : tu lisais
un livre.
Des mondes s’ouvraient devant toi,
qui se déployaient sous tes pieds
tels de somptueux brocarts
comme en portent les Doges
pour la cérémonie du Bucentaure
et les épousailles avec la mer.
Comme les tapis fuyant vers le trône
qui brille au cœur du palais, là-bas,
après des salles infinies.
Comme le ciel nocturne attendant
la visite amoureuse du sage
qui échange la terre contre les étoiles
et consume le temps qui lui est imparti
à contempler les abîmes
d’altitude béant au-dessus de l’esprit.
Tu étais tout.Tu pouvais tout.
La limite ne t’avait pas
mutilé,
des murs ne s’étaient pas élevés pour arrêter ta course.
Le silence de l’impuissance n’était pas descendu sur toi.
Tu franchissais des distances immenses
comme un aigle invincible.