La communication heureuse.
…with voices gentle and meaningless like the voices of sleeping birds.
James Agee, Knoxville, Summer of 1915.
(Musique : S. Barber.)
L’été revenu. Le seuil odorant de l’été.
Quelque chose (c’est dans l’air) comme une couleur
qui nous serait donnée à respirer dans l’accord de son
vert profond (sa charge de rêves intenses et lourds) et du
vert le plus clair, aérien, diurne ; comme une mélodie
murmurée, discrète, entêtante (en tête, oui, va, revient, se
fait écho), romance ou lied sans parole (égal, étale) dont
rien ne saurait être retenu qu’un remuement imperceptible
des lèvres.
Le temps des tilleuls en fleurs.
Peut-être à cause du peu de vent (cependant tend à se
dissiper), leur parfum aura persisté, délicat, envahissant.
Venu de loin, porté jusqu’ici, il nous enveloppe (embaumante
ivresse), non par bouffées, mais, plein et entier,
ample, léger, épouse nos mouvements, tel un vêtement de
soie ou de lin.
*
Promesse, apaisement, abandon tout au long de la soirée
au bercement aromatique des heures. Autour de nous,
la nuit, le monde pléniers, tutélaires. Finalement, l’ombre,
les ombres peu à peu grandies ont gagné la terrasse. Le
temps s’écoule sans heurt, infiltré entre les rares paroles
échangées. Propos comme un moindre bruit de source (le
contraire de meubler le silence), en l’air (ne retombent),
insignifiants (rien de suivi), qu’accompagnent ici ou là le
grincement d’une chaise légèrement déplacée, le tintement
d’un verre reposé sur la table en fer.