AUTOBIOGRAPHIE D’UNE IDÉE (II)

 

(Trad. Christophe Guillouët.)

CHAPITRE II.

« C’était un enfant qui chaque jour partait… » (Whitman).

APRÈS ce long parcours orbital à rebours de la préhistoire
de la généalogie familiale, et pour, dans un mouvement
inverse, retracer la courbe de l’expérience d’un petit garçon
au contact du monde et les réponses impulsives que de lui-même
il lui donna, reprenons donc le train pour South Reading.

Arrivé à la gare, un homme descend, demande sa route, et
prend à gauche le premier chemin de terre, qui mène à un plateau
dénudé, puis se dirige vers une colline assez lointaine. À un certain
point de son ascension, il remarque une maison sur la droite.
C’est là que vivait un homme du nom de Whittemore qui, ayant
perdu une jambe, procéda, par considération pour celle qui restait,
à l’invention, au perfectionnement et à la fabrication d’un
nouveau type de béquille, qui est resté jusqu’à nos jours un standard.
L’atelier était à une certaine distance derrière la maison, là
où commençait un bois de pins couvrant une partie de la colline.
La route fait ici un virage à droite, passe l’arrière de la colline qui
a une belle poussée de pins sur le flanc droit et une jolie vallée à
gauche, quelques arbres dispersés et une prairie. Le tracé de la
route se redresse alors, sa pente devient insensible, et elle commence
à émerger pour ainsi dire de la nature sauvage. Un verger
apparaît sur la gauche, puis à droite au sommet doucement
arrondi de la colline, un champ à pâture. Droit devant, à angle
droit au bout de cette route, il y avait la route principale de South
Reading à Stoneham. Le terrain ici était plat, pendant une ou
deux minutes.Au coin gauche du carrefour était bâtie une maison
plutôt moderne, revêtue de bardeaux, peinte en blanc avec des
volets verts, et devant elle, sur la route de Stoneham, il y avait deux
ormes majestueux. Ici vivaient les Tompson.