L’ÉCONOMIE À FLANC D’ABÎME

 

NICOLAS BAVEREZ, dans son article « Du bon usage de l’économie et des économistes », donne en quelques pages un aperçu de la grande crise économique que le monde occidental connaît depuis 2007. Mes impressions à cette lecture sont, je l’avoue, ambiguës : d’un côté, je suis d’accord sur tout ; d’un autre côté, je ne suis d’accord sur rien. D’accord sur tout : l’analyse proposée de la situation économique mondiale paraît, à un lecteur très loin d’être un spécialiste des questions abordées, à la fois concise, synthétique, informée, clairvoyante. Développer ce point serait inutile : à quoi bon répéter en termes malhabiles ce qui a été dit avec maîtrise. La suite sera donc consacrée à l’explicitation de l’autre sentiment — celui d’un désaccord à peu près complet.

Je prie le lecteur de bien vouloir excuser une mention biographique, afin de situer temporellement mon point de vue : je suis né en 1964. Année singulière, non certes pour cette raison, mais parce que c’est le moment où, avec d’infimes décalages temporels, dans tous les pays occidentaux s’est amorcée une révolution des mœurs. On a même pu parler, pour les années 1964-1965, de cataclysme statistique : c’est ainsi que furent simultanément observés un décrochement de la fécondité et de la nuptialité, un allongement du célibat des femmes, la baisse du nombre d’enfants par familles, une augmentation foudroyante du taux de divorce.