«L’AUTRE » PIERO CALAMANDREI

 

(Traduit de l’italien par Sophie Iturralde).

LE LECTEUR FRANÇAIS eut quelques occasions, déjà, de rencontrer l’œuvre de Piero Calamandrei, soit dans Conférence, soit dans l’un des volumes de cet auteur qu’ont publiés les Éditions de la revue, Inventaire d’une maison de campagne, Parler de Florence, ou encore Éduquer, résister. Il nous a paru fécond de reprendre ici la préface à la récente traduction en castillan de l’Inventario della casa di campagna, non seulement pour marquer notre fidélité à une grande œuvre, mais aussi pour mesurer combien les « réceptions » varient d’un pays à l’autre et se jouent comme à fronts renversés — l’Espagne ayant déjà une connaissance approfondie du versant juridique des œuvres de Calamandrei, que l’aire francophone, hélas, est loin de posséder.

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Dans le monde hispanophone, la figure et l’œuvre de Piero Calamandrei ont en général fait l’objet de deux types d’approche qui se développent toutes deux, selon moi, sur un registre objectivement réducteur. D’un côté, en effet, les personnes cultivées l’ont considéré, à très juste titre, comme le grand juriste qu’il fut, mais seulement comme un juriste ; pendant que, de l’autre, les professionnels du droit ont vu en lui — de manière tout aussi fondée — le très brillant avocat civiliste, le plus grand parmi ses contemporains, devenu un classique de notre temps, mais seulement un civiliste.