TRACES

 

Pour Yves Noblet.

 

Obéir à une nécessité.

 

Peindre, et précisément peindre d’après nature, peindre sur le motif, ce n’est au fond qu’obéir à une nécessité, ou plutôt c’est prendre toutes les dispositions pour se mettre en l’état d’obéir à cette nécessité, de s’y mesurer, de s’y dépasser peut-être, et de s’y oublier sûrement.

« Obéir à une nécessité », pour le peintre, c’est d’abord se plier à cette obligation de peindre comme on respire, c’est ne pas esquiver le rapport à ce monde visible qui le premier interroge la sensibilité, c’est ne pas éviter son incessante confrontation, c’est la rechercher même et, au-delà de la chose vue, la trouver parfois jusque dans celle que la mémoire lui rend ; c’est ne jamais se contenter des affirmations de l’intelligence à sa question toujours renouvelée et croire enfin qu’il n’est pas de solution, mais un chemin et que le parcourir est le haut risque qu’il nous est donné de vivre.

« Obéir », c’est continuer ce chemin déjà couru par d’autres ; c’est se reconnaître une filiation, une lignée, une fidélité, c’est citer des maîtres, et, loin des attitudes de rupture et des postures formelles, rester attentif à leur leçon, et bien plus attentif encore à la leçon de la grande présence visible du réel que dit ici le mot « nécessité ».


 
  • juin 2011
    • «DE QUELS ARTISTES SOMMES-NOUS LES CONTEMPORAINS ?» Alain Bernaud

      DANS SON LIVRE Loetschental secret1, Maurice Chappaz écrit au sujet de l’approche photographique d’Albert Nyfeler : « Nyfeler répondait à ce besoin de fixer pour toujours les grands moments de la vie paysanne. Et il lui fut permis de suivre leurs gestes, d’aller prendre sans choquer (…) tout comme de déboucher à l’aube dans le champ de semailles, de tomber sur la tonte des moutons (…) Voilà vraiment la place de l’artiste dans la cité : être à part et être admis, être ce miroir qui semble éterniser les scènes fugitives. » Selon Chappaz, ce miroir que devrait être l’artiste ne reflète pas la société...

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    • FAIRE LE PORTRAIT DE GIACOMETTI Felice Filippini

          Traduit de l’italien par Christophe Carraud.   (1966.) Présentation. Non amo l’atto dell’uomo a mezza strada / ignaro della morte e smemorato della speranza.   Felice Filippini, Autoritratto di una pittura, Centro Internazionale di Studi. per le Arti Figurative, 1977, p. 169. CHERCHANT UN JOUR, dans le bulletin bibliographique de l’Archivio Prezzolini de Lugano, Cartevive, quelques éléments de correspondance de Carlo Bo, auquel je m’intéressais, je vis que le même fonds conservait des lettres de Maurice Chappaz à Felice Filippini. Des lettres de Chappaz : voilà qui m’était proche. De Filippini, j’ignorais...

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    • LA VRAIE SEMBLANCE Michael Edwards

        I. NOUS SOMMES DE PLUS EN PLUS ASSAILLIS D’IMAGES, c’est entendu. Mais ne faut-il pas reconnaître que tout est image, et que la tâche urgente serait de comprendre pourquoi, et de chercher comment l’image peut devenir une voie de salut et non de perte ? Dans la rue, les images publicitaires, sur les panneaux, les vitrines, les façades, les véhicules, nous importunent dans un silence criard. Au Louvre, ce sont peintures et sculptures et d’autres images façonnées et fascinantes qui nous poursuivent, en se multipliant à perte de vue. À l’intérieur du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, où...

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  • décembre 2011
    • TRACES Bruno Roza

        Pour Yves Noblet.   Obéir à une nécessité.   Peindre, et précisément peindre d’après nature, peindre sur le motif, ce n’est au fond qu’obéir à une nécessité, ou plutôt c’est prendre toutes les dispositions pour se mettre en l’état d’obéir à cette nécessité, de s’y mesurer, de s’y dépasser peut-être, et de s’y oublier sûrement. « Obéir à une nécessité », pour le peintre, c’est d’abord se plier à cette obligation de peindre comme on respire, c’est ne pas esquiver le rapport à ce monde visible qui le premier interroge la sensibilité, c’est ne pas éviter son incessante confrontation, c’est la...

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    • ÉMAUX Anita Porchet

      CONFÉRENCE, Nº 33, automne 2011. ANITA PORCHET.      ...

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