L’AVENIR D’UNE MÉSALLIANCE

 

De l’Université.



Un jeune homme, curieux de mille choses,
ne doit-il pas, après tout, ressembler assez
bien à un homme de la Renaissance ?

 

Paul Valéry, 1894.

 

IL Y A LONGTEMPS QUE L’OUTIL QU’ON APPELLE ENCORE UNIVERSITÉ a cessé de servir ses fonctions d’origine, celles dont le mot garde la trace. L’Un de l’Université marquait la volonté des fondateurs, en plein coeur du Moyen Âge, de d’abord faire acte d’allégeance à la rosace des savoirs, au principe encyclopédique hérité de l’Antiquité : où que se tourne mon incertain désir de savoir, il ne se désorbite jamais, ne se détourne pas de soi, nos arts ont beau se succéder ou se subdiviser, ils restent concentriques, leurs cycles se règlent, au fil du temps, à l’invariant d’un même point fixe, leurs métamorphoses n’attentent pas à l’unité de la noèse, elles la magnifient et la fécondent. Quoi que j’apprenne et que je découvre, moi qui dois apprendre à penser, je reste, considérant le Moteur immobile du cosmos, au centre géométrique et au foyer symbolique de mes successives épistémologies.

  • décembre 2012
    • L’AVENIR D’UNE MÉSALLIANCE Jean-Luc Evard (L’université)

        De l’Université. Un jeune homme, curieux de mille choses, ne doit-il pas, après tout, ressembler assez bien à un homme de la Renaissance ?   Paul Valéry, 1894.   IL Y A LONGTEMPS QUE L’OUTIL QU’ON APPELLE ENCORE UNIVERSITÉ a cessé de servir ses fonctions d’origine, celles dont le mot garde la trace. L’Un de l’Université marquait la volonté des fondateurs, en plein coeur du Moyen Âge, de d’abord faire acte d’allégeance à la rosace des savoirs, au principe encyclopédique hérité de l’Antiquité : où que se tourne mon incertain désir de savoir, il ne se désorbite jamais, ne se détourne pas de soi,...

      Lire la suite : L’AVENIR...

    • ÉLITE OU AVANT-GARDE ? Jacob Taubes (L’université)

      (Traduit de l’allemand par Jean-Luc Evard.) Avant-propos. IL Y A TRENTE ANS, TUMULT, revue allemande proche de la french theory, consacrait un cahier, son quatrième, aux figures de l’élite : comment les sociétés égalitaires rationalisentelles l’autorité, qui suppose l’inégalité [1] ? Parmi les contributeurs, on comptait un homme que la légende avait rendu célèbre en l’imaginant participer à la fondation de la Freie Universität, à Berlin, en 1949. La ville et ses secteurs d’occupation connaissaient déjà la partition de fait, qui, longtemps après, en 1960, aboutirait au Mur. Les États-Unis,...

      Lire la suite : ÉLITE OU...

    • À PROPOS DE LA MÉTHODE DES COURS UNIVERSITAIRES Giuseppe Capograssi (L’université)

        (Traduit de l’italien par Christophe Carraud.)   BIGIAVI (Giurisprudenza italiana, 1946, IV, 94) fait, à propos des Istituzioni di diritto civile de Santoro-Passarelli, quelques observations de méthode qui soulèvent une question très importante, celle des cours universitaires.[1] Notre remarquable savant parvient toujours à saisir, sur un sujet particulier, le problème général qui en est le soubassement (ce qui, soit dit entre parenthèses, est spécifiquement la tâche du penseur). Bigiavi demande de la clarté, de l’analyse dans les livres universitaires, et qu’on en finisse avec les systèmes. Ce sont des...

      Lire la suite : À PROPOS DE...

    • VIES PARALLÈLES DE ROGER CAILLOIS ET CLAUDE LÉVI-STRAUSS Pierre-Emmanuel Dauzat (L’université)

        Les thèses et le papillon.   EN TEMPS D’INFLATION VERBALE ET DE DISETTE INTELLECTUELLE, on pressent d’instinct la teneur de la loi de Gresham et sa triste vérité : « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Dans la vie intellectuelle, il est une autre loi presque aussi inexorable et à laquelle il conviendrait, en toute rigueur, de donner le nom du poète Jean Grosjean, qui le premier l’a énoncée avec la rigueur idoine dans l’essai pionnier qu’il consacra à Camille Claudel : le faux succès qui annexa Rodin a su exclure Camille. Non qu’il cherchât à rabaisser l’oeuvre du premier par cette formule :...

      Lire la suite : VIES...

    • SUR L’ÉCOLE ET SUR L’UNIVERSITÉ Salvatore Satta (L’université)

        (Traduit de l’italien par Christophe Carraud.) LES TEXTES RÉUNIS ICI COUVRENT UN QUART DE SIÈCLE, de 1946 à 1972 ; mais ils sont bien de la même plume, et du même esprit. Il y a, chez Salvatore Satta (1902-1975), une fascinante indépendance. Il est assurément peu commun d’être à la fois un très grand juriste et un très grand romancier et essayiste ; et moins commun encore, après le refus de publication d’un article pourtant décisif (les « Considérations » ciaprès, assurément accusatoires) qu’opposèrent au grand professeur et savant qu’il était, des revues dites « universitaires », de fonder à lui seul — il a...

      Lire la suite : SUR L’ÉCOLE...