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L’IMPRIMERIE DARANTIERE, celle de Conférence depuis ses débuts, a cessé ses activités le 1er juillet dernier. Sa faillite a été prononcée, la mise en liquidation a suivi. Il nous semble être comme des orphelins (oui, c’est là que nous avons appris à faire des livres) ; mais importe davantage le sentiment de tristesse suscité par la situation où ceux qui y travaillaient sont aujourd’hui plongés ; à quoi s’ajoute celui d’un grand gâchis.
Il faut témoigner d’une reconnaissance pour toutes ces années ; elle porte des noms, elle prend des visages — ceux de la compétence, de la disponibilité, de l’attention : Michel Roy tout d’abord, maître souriant de typographie alors que nous apprenions, que nous voulions apprendre, ce que supposait de vie concrète, de main, le fait de réfléchir publiquement — de publier —, d’écrire, de traduire ; et Monique Chapuis, Dominique Grota, Patrick Colin, Éric Laurent, Roseline Devillairs, Christine Benoît, Catherine Bellanger, Olivier Hitier, à qui nous devons, dans cet ordre de choses, la seule existence qui vaille. Renato Serra écrivait à Giuseppe De Robertis, le 7 avril 1914 : « Si je ne lie pas mes bavardages à quelque chose dans le ciel ou sur la terre véritables, il me semble qu’ils se perdent dans le vide1. » Tous ces amis de Darantiere ont été les artisans de ce lien — et de cette conversion. Pour eux, le métier, la responsabilité existaient. Dans la demeure dont ils avaient la charge, on se trouvait tout simplement accueilli et instruit. Et sommé, à son tour, de mesurer la réalité qui soutient toute vie.